8 Octobre 2015 : Nobel toujours : Svetlana Aliexevitch quatorzième femme à recevoir le prix Nobel de littérature depuis sa création en 1901.
A plusieurs reprises, le comité Nobel a honoré des écrivaines européennes dont le génie littéraire s’est déployé dans la résistance pour échapper à l’oppression : Elfride Jelinek, l’autrichienne en 2004, Herta Müller, la roumaine réfugiée en Allemagne en 2009. Voici en 2015,  Svetlana Aliexevitch, la Biélorusse, première femme de langue russe à être ainsi récompensée ; elle prend la suite de Pasternak (1958), Soljenitsyne (1970) et Brodsky (1987).  

D’abord journaliste, mais à l’étroit dans cette fonction, elle décide d’écrire « l’histoire de l’utopie soviétique », non pas l’histoire classique mais « celle des émotions, de l’esprit, des expériences humaines », en interviewant des témoins. Le récit qu’elle en retire, sorte « d’archive subjective et souterraine » de la Russie contemporaine, est écrit  dans un style simple, dépourvu de commentaires et d’explications, polyphonique. Des six ouvrages qu’elle a ainsi composés, le premier la guerre n’a pas un visage de femme, publié en 1985 recueille les propos de combattantes de la seconde guerre mondiale, le dernier La fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement a reçu le prix Medicis de l’essai en 2013.
Ne faisant aucune concession devant un pouvoir totalitaire, elle se trouve soumise à des intimidations ou menaces ; ses livres font polémique et la plupart d’entre eux sont interdits à la vente dans son pays.