4 Juillet 2018 : le Conseil de la ville de Tunis vient d’élire son Maire, une femme, Souad Abderrahim.

 

En Tunisie, les premières élections municipales démocratiques après la révolution de 2011 ont eu lieu en mai dernier et le conseil de la ville de Tunis vient d’élire son Maire, une femme, Souad Abderrahim.  A 53 ans, tête de liste indépendante mais soutenue par le parti Ennhadha, cette pharmacienne, gérante d’une entreprise pharmaceutique, va devoir démissionner pour devenir la première « cheikh de la medina ». Refusant l’étiquette « d’islamiste », elle a clamé : « j’offre cette victoire à toutes les femmes de mon pays, à toute la jeunesse, et à la Tunisie », et elle déclare que sa première tâche sera de rendre belle la ville de Tunis dont plusieurs infrastructures et services ont été détériorés depuis 2011.

Souad Abderrahim, est compagne de longue date d’Ennahdha ; elle a commencé à militer lors de ses études à Monastir au sein du syndicat islamiste « union générale tunisienne des étudiants » (UGTE). Son activisme lui vaut alors  arrestation et emprisonnement. Ayant quitté  le voile à la fin de ses études, ce n’est qu’après la révolution de janvier 2011 qu’elle rejoint le parti Ennahdha ; elle siège à ce titre à l’assemblée constituante tunisienne de 2011 à 2014 où elle se taille une réputation de moralisatrice. Depuis  2016, le parti s’est transformé en « parti civil à référent islamique »actant une séparation entre politique et religieux, et l’élection de S. Abderrahim  sert aussi à moderniser son  image.

Il faut noter que, malgré une abstention massive, ces élections municipales offrent d’autres points positifs :

  • avec 33% des voix les listes indépendantes ont cumulé un intérêt dépassant celui des grandes machines politiques (dont Ennahdah  en baisse remarquable).
  • de nombreuses femmes viennent d’accéder au pouvoir local à la faveur d’une loi très stricte sur la parité : 47 % des élus sont des femmes et 29,5 % des têtes de liste étaient des femmes.
  • 37% des  nouveaux représentants ont moins de 35 ans.

Souhaitons à tous et à Mme Abderrahim, de former une nouvelle classe politique capable de se régénérer et d’offrir à la Tunisie un avenir différent.